Voici une comparaison de Michel-Ange: «La peinture flamande plaît à tous les dévots mieux que la peinture italienne. Celle-ci ne leur arrache pas de larmes, celle-là les fait pleurer abondamment. Et ce n'est pas une conséquence des mérites de cet art; seule la sensibilité extrême des dévots en est cause. Les tableaux flamands plaisent aux femmes, surtout aux vieilles et aux très jeunes, de même qu'aux moines et aux religieuses, et enfin aux gens du monde qui ne sont pas susceptibles de comprendre la vraie harmonie. En Flandre, on peint avant tout pour rendre exactement et à s'y méprendre l'aspect extérieur des choses. Les peintres choisissent de préfé­rence les sujets qui provoquent un transport de piété, comme les figures de saints ou de prophètes. Mais la plupart du temps, ils peignent ce qu'on appelle un paysage avec beaucoup de personnages. Quoique l'œil soit frappé agréablement, il n'y a là ni art ni raison, ni symétrie ni propor­tions, ni choix des valeurs ni grandeurs: bref, cet art est sans force et sans gloire; il veut rendre minutieusement beaucoup de choses à la fois, dont une seule aurait suffi pour qu'on y vouât toute son application ».