CLIMAT
Les chauds étés de la fin du XXe et début XXIe siècles seraient tout à fait comparables à quelques étés du XIIIe siècle.
Les PAG succédant aux POM j'ai cherché et trouvé un résumé du petit âge glaciaire qui s'étend à partir du du XIVe siècle à l'adresse suivante:  http://www.lameteo.org/dissard.html
 
Il se base sur "Histoire humaine et comparée du climat. Canicules et glaciers XIIIe – XVIIIe siècles" par Emmanuel Leroy Ladurie dont je reprend également la communication prononcée en séance publique devant l'Académie des sciences morales et politiques du lundi 4 avril 2005.
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Chronologie
Des étés chauds au XIIIe siècle (c'est l'époque de Saint Louis, de l'épanouissement de l'art gothique) : il n'est pas exclu que ces belles chaleurs aient pu stimuler l'agriculture, l'économie et la démographie. Affaire à suivre.
Le petit âge glaciaire est assez net à partir de l'hiver 1303 (travaux de Christian Pfister, les chercheurs de Berne et de Zurich ont beaucoup apporté) donc il y a une poussée des glaciers au XIVe siècle, notamment celui d'Aletsch, on le sait d'après les troncs d'arbres datés par la dendrochronologie, entre 1300 et 1370. Vous avez corrélativement de remarquables épisodes frais, notamment la grande famine de 1314-1315-1316, les étés ayant été affectés par des trains de dépressions ; des étés pourris au cours desquels la ceinture des perturbations atlantiques passe plus au sud, le foin ne sèche pas, les charrues s'embourbent, les anguilles se répandent hors de leurs étangs, les semailles d'automne et de printemps sont ratées, les rendements du blé sont misérables, les chevaux perdent leurs quatre fers dans la boue, et l'on a de grosses famines avec des processions d'hommes nus pour essayer de réagir....
Quant à la peste noire, elle aussi de 1348, elle n'est pas provoquée, semble-t-il, par le climat (*), néanmoins au cours de la décennie 1340 il y a en grand nombre des étés frais pourris, et il est possible qu'en 1348 le passage de la peste bubonique à la peste pulmonaire la plus dangereuse ait été influencé par cette fréquente, froide et lourde pluviosité estivale des 1340's.
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J'en arrive au XVe siècle qui de ce point de vue est assez mal étudié ; on note, en dépit du maintien du PAG, un petit réchauffement, à l'époque de Jeanne d'Arc, mais jolie série estivale de 1415 à 1435 avec des vendanges précoces, indicatrice de toute une série de beaux étés, de beaux étés qui n'ont pas produit tout l'effet voulu, car la période était vraiment dure ; des étés parfois excessivement chauds, producteurs d'un vif coup d'échaudage en 1420 générant lui-même une forte famine due certes aussi à la guerre, mais également à la mauvaise récolte météorologiquement induite. Il faut répéter que le blé est un citoyen du Moyen-Orient ; il a été mis au point dans les régions proches de la Syrie du Nord-Ouest et de la Turquie limitrophe et il apprécie médiocrement le climat franco-septentrional ; les étés pourris mais aussi excessivement chauds ne lui conviennent pas, c'est ce qui se passe en 1420 : à Noël 1420 le blé manque. Il semble que l'été de 1420, ait été assez comparable à celui de 2003, en un peu moins brûlant. Tous les mois, de février à août 1420, furent de 2 à 3° plus chauds que lors des moyennes pourtant relativement tièdes du XXe siècle.

On signale encore des vendanges précoces, typiques d'été très chaud notamment en 1473, sans famine pourtant parce qu'une pluie adéquate était tombée au bon moment ; les anneaux des arbres font apparaître néanmoins une période très chaude et sèche à la fin de l'été 1473 (anneaux d'arbres particulièrement durs correspondant à l'été terminal, très dépourvus d'eau).

Deuxième moitié du XVe siècle, malgré 1473 un rafraîchissement sensible dans l'ensemble, avec une grande famine de pluie en 1481, sous Louis XI.
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Voir l'article complet sous: http://www.canalacademie.com/index.php3?useFrame=1&nop=1148981157687&r=%2Farticle150.html
  
Une petite comparaison s'imposait et dans la chronologie du proche village de Lignières je découvre qu'en 1420 "Le lac de Neuchâtel gèle en janvier mais le froid ne dure que peu. Il neige le 8 juin, les vendanges se font en août. Mais il y aura abondance de grains et de vin."
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Rendu impraticable depuis le XVIe siècle par le "Petit âge glaciaire", le franchissement du col du Schnidejoch, un des passages les plus courts entre l'Italie du Nord et le Plateau suisse est de nouveau possible.
Le recul des glaciers de l'Oberland bernois a mis au jour des restes de vêtements et divers objets dont certains sont vieux de 5.000 ans un morceau de chaussure médiévale datant du XIVe ou du XVe siècle a également été rendu par les glaces.

Voir cet article de novembre 2005 : http://www.be.ch/aktuell/default-f.aspx?action=2&mmid=16825