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QUELQUES PIGMENTS et pour commencer... la couleur la plus parfaite que Cennino Cennini décrit  au chapitre 62 de son traité 

Le BLEU D'OUTREMER  

Choisir la pierre de lapis-lazuli qui a le moins de taches cendrées. L'écraser dans un mortier de bronze couvert pour ne pas perdre de poudre puis la broyer sur la pierre de porphyre. Se procurer chez l'apothicaire six onces de résine de pin, trois de mastic, trois de cire pour chaque livre de bleu. Faire fondre dans la marmite puis passer à travers un linge de lin blanc. Y ajouter la livre de poudre et mélanger pour en faire une pâte qu'il faut conserver trois jours et trois nuits. Ajouter une écuelle de lessive tiède et pétrir au moyen de deux bâtons ronds d'un pied. Lorsque la lessive est devenue azur, la transvaser dans un bocal. Recommencer et transvaser dans une autre bocal ainsi de suite jusqu'à ce que la pâte ne teigne plus la lessive. Réunir éventuellement les meilleurs bocaux. Egoutter chaque jour et laisser sècher.
Il est possible de redonner du ton avec de la cochenille pilée et du bois de campêche raclé et cuit avec de l'alun de roche. Il faut être habile et c'est plutôt l'affaire des belles jeunes filles.

L'outremer de synthèse inventé au XIXe s'est largement substitué aux extraits de gemmes de lapis-lazuli employés au MA par les enlumineurs
et autres peintres qui souhaitaient apporter une note de luxe pour souligner les plis du manteau marial par exemple. Il détrôna la pourpre antique car selon Michel Pastureau, chaque civilisation organise ses échelles chromatiques et, à l'intérieur d'une même culture, chaque époque.
Le prix des pigments donnait, me semble-t-il, un coup de pouce à la définition de cette échelle.

Le bleu d'Alexandrie était déjà obtenu par synthèse.

La recette antique du lapis-lazuli synthétisé et sa zone de diffusion peut être consultée sur ce lien du CNRS:

http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/doschim/decouv/couleurs/loupe_pigments3.html